Feu et glace | Fire and Ice

J'ai embrassé un autre être humain pour la première fois dans ma vingtaine.
C'est fou, n'est-ce pas ?

Que quand j'y pense, j'ai des frissons : pas de froid, mais d'effroi.
Parce que je n'aurais jamais pu le faire.

J'aurais pu éviter ce contact indéfiniment, et même partager des relations sexuelles sans offrir ni prendre autre chose que du plaisir physique.
Avant et après cette percée fatidique, j'ai cultivé des centaines de relations, avec les personnes les plus diverses, sans jamais les toucher. Ou le faire sans que cela m'implique vraiment, sans que cela ait vraiment à voir avec ce qu'il y a sous la peau.

Il est certain que la peau est déjà beaucoup. Et y avoir attaché une grande valeur depuis sa plus tendre enfance.

J'ai embrassé un autre être humain pour la première fois dans ma vingtaine.
Absurde, n'est-ce pas ?

Pourtant, quelqu'un a dû m'apprendre à le faire.
Comment étirer mes bras. Comment les étendre autour d'un autre corps. Comment lui permettre, avant tout, de rester immobile sur le mien.
Sur mon ventre, sur mon cœur, dans les parties les plus vulnérables de mon corps.

Pas une tape, pas une salutation, pas un geste presque involontaire, pas un contact hâtif de quelqu'un qui serre à peine sans vraiment établir un contact, sans toucher.

Je veux dire un vrai câlin, un câlin dans lequel deux personnes fusionnent jusqu'à ce qu'elles ressentent chacune le cœur de l'autre. Jusqu'à ce qu'on ait l'impression que ce cœur étranger nous saute dessus et nous attrape. Comme si elle devenait la nôtre, comme si les battements pouvaient se calibrer et devenir simultanés.

Peut-être que c'était ce que je ne voulais pas.
Pour me laisser saisir.
Retiens-toi.

C'est ce que Cecilia devait m'apprendre.

Je dois beaucoup à Cecilia, mais surtout je lui dois ceci.
Ils m'ont appris qu'il n'existe pas de moyen de communication plus authentique, plus fort, plus intense et plus intime que l'étreinte.
J'ai une dette envers elle pour la ténacité avec laquelle elle m'a fait l'embrasser. Sans se moquer de moi si je ne pouvais pas, si j'avais tendance à fuir, si je ne savais pas rester.

Je lui dois la persévérance avec laquelle, pendant toute une année, elle a mis ses bras autour de moi chaque fois que je les lâchais, sans se vexer, sans me faire sentir émotionnellement non préparée.

Je lui dois de l'amour, en gros.

Celui avec lequel il m'a couvert. Mais aussi, et surtout, ce qu'il a su faire ressortir.

Je sais, même s'il est vrai que je m'appelle Claudio, que même si un jour nous devions prendre des chemins différents, pour quelque raison que ce soit... je sais que personne ne pourra jamais prendre sa place en moi. Parce qu'elle seule existe. Dans mon cœur. Sous ma peau Dans chaque molécule de cette personne déglinguée qui est en partie homme, en partie enfant, en partie feu ardent et en partie glacier.

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ENGLISH VERSION

I first embraced another human being in my twenties.

Crazy, isn't it?
That when I think about it, I get chills. And not of cold, but of fright.
Because I could have never done it.

I could have avoided that contact indefinitely, even shared sex without offering and taking anything other than physical pleasure.
Before and after that fateful breakthrough I cultivated hundreds of relationships, with the most diverse people, without ever touching them. Or doing so without it really involving me, without it really having anything to do with what's under the skin.
Certain that the skin is already a lot. And having attached great value to it since early childhood.

I embraced another human being for the first time in my twenties.
Absurd, isn't it?
Yet someone had to teach me how to do it.
How to stretch out my arms. How to extend them around another body. How to allow it, above all, to lie still and motionless against mine.
On my belly, on my heart, at the most vulnerable parts of me.
Not a pat, not a greeting, not an almost involuntary gesture, not a hasty touch of someone who barely squeezes without really making contact, without touching.

I mean a real hug, one in which two people merge until they each feel the other's heart. Until it feels as if that foreign heart jumps out at us and grabs us. As if it became ours, as if the beats could calibrate and become simultaneous.

Maybe that was what I didn't want.
To let myself be grabbed.
Hold back.

That was what Cecilia had to teach me.

I owe Cecilia many things, but most of all I owe her this.
To have taught me that there is no more authentic, stronger, more intense and more intimate way of communicating than the embrace.
I owe her the tenacity with which she made me embrace her. Without laughing at me if I couldn't, if I tended to run away, if I didn't know how to stay.
I owe her the perseverance with which for a whole year she put her arms around me every time I dropped them, without taking offence, without making me feel emotionally unprepared.

I owe her Love, basically.

The one with which she covered me. But also, and above all, that which she was able to bring out.
And I know, as much as it is true that my name is Claudio, that even if one day we should take different paths, for whatever reason... I know that no one will ever be able to take her place inside me. Because only she exists. In my heart. Under my skin In every molecule of this ramshackle person who is part man, part child, part blazing fire and part glacier.

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photo source: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/glacier-neige-paysage-montagnes-9795621/