Octobre

Chaque année, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai accueilli la fin de l'été avec une indicible mélancolie. J'aurais le blues, j'étais absolument certain que bientôt le brouillard envahirait ma vie, l'enveloppant de ses spires comme un dangereux serpent. Je craignais le noir comme on craint un ennemi. Le rétrécissement de la durée du jour est devenu une pensée constante, une sorte de catastrophe à laquelle, même si je le voulais, je ne pouvais pas remédier, mais que je tenais à affronter comme on affronte un monstre.

Cette année, pour la première fois, je ne ressens pas ce sentiment d'oppression sur moi. L'idée de l'arrivée de l'automne ne m'est plus aussi hostile. Je me retrouve à le chercher, à l'attendre, voire à le désirer. J'ai envie de porter mes écharpes colorées et enveloppantes. J'ai envie de chaleur, de rester à l'intérieur alors qu'il pleut dehors, et je sais déjà que je ne ferai presque jamais ce dernier choix. Je sais aussi que si je le faisais, je me sentirais mélancolique.
Pourtant, maintenant, je me retrouve à vouloir toutes ces choses. Les couleurs chaudes, l'odeur des gâteaux fraîchement cuits, la texture granuleuse du sucre sur mes doigts.
Peut-être que j'apprends à prendre les événements avec plus de philosophie. Il ne sert à rien de s'opposer à tout ce qui ne peut être changé, autant le faire dans la bonne direction, la moins douloureuse.

source de la photo: wikipedia